Fabriquer une ruche tronc, c’est offrir un habitat de choix aux abeilles. C’est aussi à l’image des fabricants de bol à thé (raku), insuffler une âme à la ruche, une intention, l’idée de prendre soin, l’idée de coopérer et de partager.

Le tronc, c’est aussi et surtout l’habitat naturel des abeilles. A l’état « sauvage » les abeilles vivent dans les arbres creux.

A l’origine, le plus souvent, de multiples blessures mécaniques sont causées par l’érosion dûe au vent, à la pluie, au gel. Dans un second temps, ce sont les xylophages, des êtres vivants qui se nourrissent du bois (bactéries, champignons, insectes) qui vont poursuivre l’ouvrage. Enfin, un peu plus gros, un pic, un écureuil vont finir de creuser la cavité pour y faire leur refuge. Lorsque ces derniers laisseront leur place, les abeilles viendront s’y installer.

Les abeilles dans nos forêts vont choisir indifféremment les troncs creux, quelles que soient les essences de bois, comme l’explique l’antomologiste Vincent Albouy dans son livre “Abeilles mellifères à l’état sauvage”.

A l’origine, les chasseurs cueilleurs grimpaient aux arbres pour s’octroyer un peu de miel dans le nid des abeilles.

Puis rapidement avec la sédentarisation, ils ont implanté celles-ci au plus proche, dans les villages.

Dans nos régions, le tronc creusé fut l’une des solutions les plus répandues, c’est un habitat traditionnel. Lorsque les apiculteurs décident de créer ce type de ruche pour y accueillir des abeilles, la qualité et la durabilité du bois vont faire partie des critères de choix.

Le chataîgnier traditionnellement utilisé dans les forêt de l’est de la Dordogne et dans les Cévennes est celui qui concilie le plus ses propriétés. Néansmoins le premier critère restera les populations d’arbres peuplant les fôrets à proximité.

Pour implanter des abeilles,

Le volume de la cavité va être prédominant. A l’état sauvage, les études de Thomas Seeley montrent que la cavité moyenne est de 40 litres. Partant de ce principe, les ruches que je creuse avec les stagiaires vont respecter ou s’approcher de ce volume.

Pour garantir une bonne isolation je propose donc de partir d’un tronc de 45 à 55 cm de diamètre sur 1 mètre de haut. Nous choisirons des arbres tombés ou malades, il est hors de question de couper des arbres à la seule fin de réaliser notre ouvrage.

Notre première action sera de réaliser une ammorce à la tronçonneuse, technologie et modernisme oblige….

Puis viendra le travail à la gouge. C’est ici la partie la plus physique, notre energie ce met au service des futurs hôtes de la ruche. Les outils fabriqués par un forgeron local vont nous permettre de creuser un trou d’une forme cylindrique qui traverse de part en part le tronc, se sera le nid des abeilles.

La forme ronde de la cavité est parfaitement adaptée à la forme de l’essaim, nous allons ainsi éviter les angles morts qui sont souvent favorable à l’implantation de la teigne.

La ruche tronc, c’est un bio-top particulièrement favorable, une épaisseur et une qualité du matériau permettant une super isolation, une forme ronde pour mieux correspondre aux abeilles,….

Inspiré du travail de nos ancêtres qui lors de la sédentarisation ont réalisé ces premiers ouvrages, la ruche porte la sagesse de nos traditions.

Le dessus de la ruche, sous le toit qui crée l’étanchéité à l’eau, est composé d’un systhème de trois clés qui permettront un accés au stockage de miel en limitant les dégats liés à l’intrusion. Ces clés viennent s’engouffrer dans une partie décaissée que nous allons réalisé soit au ciseau à bois soit à la défonçeuse.

A l’intérieur ni cadres, ni barettes, les abeilles vont construire librement leurs rayons. Une logique qui leur est propre va en guider l’orientation, la forme et la taille. Accrochés aux clés et aux parrois, les bréches vont s’étendre du haut jusqu’au bas sans discontinuité.

Seul à un tiers du bas, deux branches se croisant vont consolider l’ensemble. Quelques centimètres plus bas, le trou de vol, percé à travers la paroi, va permettre aux abeilles d’entrer et sortir de la ruche. Un trai d’une quinzaine de centimètres de large et de 8 à 10 mm de haut le constitue.

La conduite de la ruche tronc est évidement peu intrusive. Ici pas question d’accéder au couvain. Juste potentiellement par le haut de la ruche, récolter un peu de miel en Avril, Mai ou donner des tisanes pour accompagner les abeilles dans leur cycle.

La conduite de la ruche est laissée aux abeilles, il faut leur faire confiance, et accepter avec humilité notre humble place au sein du vivant.

Auteur :

Thierry Masson,

Gardien des abeilles

Association Les Butineurs du Bonheur

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