Au sein de la colonie, l’activité bat son plein. Les abeilles s’affairent
toutes à la vie de l’essaim. Parmi les ouvrières, certaines ont la fonction particulière de construire des rayons de cire qui vont servir à l’extension de la colonie : ce sont les bâtisseuses. À cette période de leur vie, par l’action des glandes cirières, les abeilles ouvrières génèrent de petites écailles de cire d’un poids inférieur à 1 mg, qu’elles vont ensuite modeler avec leurs mandibules pour construire des alvéoles essentielles dans la ruche. Pour l’individu essaim, la cire est un peu comme un squelette
.

Les fonctions de la cire

La cire est la matière première permettant aux abeilles de construire un véritable squelette, une structure qui sera le support de toute la colonie. Au sein des alvéoles, la reine va pondre
des œufs d’ouvrières, de faux bourdons et même des futures reines. Ces alvéoles sont de tailles différentes en fonction de la destination des œufs, y compris dans la même catégorie de couvain puisqu’elle peut varier de 20 % afin de s‘adapter au mieux à la morphologie des larves. Les rayons de cire vont également être le lieu de stockage des
réserves de la ruche (miel et pollen). La cire, très blanche lorsqu’elle
est fraîchement bâtie, va foncer avec le temps en raison de l’oxydation, de l’accumulation des déchets d’usage et de l’utilisation de la propolis. C’est principalement dans cette cire vieillie que les maladies et les prédateurs s’installent. Afin de lutter contre ces
agressions, l’essaim quitte la ruche (ou la cavité naturelle) pour s’installer dans un nouveau logis et reconstruire des cires vierges de pathogènes, parasites ou prédateurs. C’est une des fonctions de l’essaimage en plus de la reproduction de l’espèce.

Quelle cire pour mes ruches ?

Lors de mes premiers pas en apiculture il y a une dizaine d’année, le
rucher école auquel je me suis inscrit m’a tout de suite orienté vers une apiculture conventionnelle. Dans ce type de pratique, ruches à cadres et cire gaufrée sont préconisées. Pourtant, ces cires présentent plusieurs inconvénients… En effet, elles impliquent la construction d’alvéoles d’une taille similaire que ce soit pour l’accueil des ouvrières ou des mâles, ce qui facilite le développement du varroa, et par
ailleurs des traces des traitements chimiques ou des pathogènes de la
ruche d’origine peuvent subsister. Assez rapidement, je me suis donc
interrogé sur l’introduction de corps étrangers dans l’individu essaim. L’intérieur de la ruche ou de la cavité naturelle est baigné d’odeurs, de phéromones qui se retrouvent dans les cires construites
par les abeilles. De plus, qu’en est-il de l’incidence sur les abeilles qui, génétiquement équipées de glandes cirières, finissent par délaisser en partie cette fonction ?
Les arguments sont nombreux en défaveur de la cire gaufrée, et mon
objectif étant le bien-être des abeilles, je préfère m’orienter vers une apiculture limitant voir excluant cet intrant. Je découvre alors le cahier des charges de l’apiculture Demeter (biodynamie) sur l’utilisation des cires. En Dadant, le corps de ruche (où se trouve
le couvain) ne peut recevoir que des amorces en cire garantie Demeter. Seuls les cadres de hausse (stockage du miel) peuvent être pré-batis à la cire gaufrée, mais toujours avec de la cire d’une qualité garantie

Renouvellement des cires

Dès le printemps, la fausse teigne de la cire (Galleria mellonella) vient
pondre ses œufs dans les rayons de la ruche, surtout chez l’essaim affaibli ou ayant déserté. À l’état sauvage, cela a pour fonction de nettoyer la cavité pour les futurs occupants. Dans la ruche warré, on introduit souvent les éléments par le bas pour accompagner le développement de la colonie. Cela finit par cantonner les vieilles cires dans l’élément du haut, que l’on retire après la dernière
miellée pour récolter le miel. Cette pratique permet un renouvellement
régulier des cires. Dans les ruches conventionnelles à cadres, je change une partie des cadres de corps tous les ans. Les cadres que j’introduis sont marqués de la couleur de l’année que certains utilisent pour marquer les reines et ainsi, lorsque j’ouvre, je peux identifier les cadres les plus vieux et les changer.

Quelques pratiques

Ainsi, les pratiques apicoles diffèrent en fonction du modèle de ruche:
• Dans les ruches tronc ou en paille, jelaisse les abeilles libres de construire au gré de leurs besoins sans aucun intrant ni guide.
• Dans les ruches à barrettes comme la ruche warré ou la ruche horizontale je n’utilise pas de cire gaufrée ou très peu.
• Dans les ruches à cadre de l’apiculture conventionnelle, j’utilise des
cadres à jambage limitant les apports de cire à de simples amorces.
Les amorces pour les cadres ou les barrettes peuvent se faire soit avec de la cire gaufrée en veillant à en vérifier la provenance, soit avec de la cire de vos propres ruches. Pour réaliser les
amorces à la cire gaufrée, il suffit de coller l’amorce de 1 ou 2 cm avec un peu de cire fondue (photo 2). Pour les amorces réalisées avec
votre propre cire, après avoir fondu et filtré les cires d’opercules, vous pouvez à l’aide d’un guide (bois plat humide) tracer un trait de cire sur votre barrette ou votre cadre à l’aide d’une burette ou d’un pinceau

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